Décapage du bois : 7 méthodes différentes comparées

aerogommage

Quelle est la méthode la plus adaptée à votre projet pour décaper un meuble en bois ? retrouvez dans cet article les différentes méthodes disponibles actuellement, avec leurs atouts et leurs contraintes.

Le choix de la méthode dépend du support à décaper, de ses dimensions, son essence, son aspect (surface plane ou avec reliefs ?), son amovibilité (dépose et déplacement possibles ?), mais aussi de la nouvelle finition envisagée et de votre budget. Sachant que toutes présentent des avantages et des inconvénients, plus exactement des limites et des risques.

Volets, fenêtres, portes, portails, meubles, escaliers, parquets, lambris, poutres, terrasses et même façades, le bois est encore très présent dans nos maisons. Il est, le plus souvent, peint, verni ou ciré pour le protéger et/ou le teinter. Or, au fil des années, ces finitions s’altèrent. Elles craquellent et s’écaillent d’autant plus vite que l’élément est exposé au soleil et aux intempéries. Elles doivent alors être enlevées afin que le nouveau revêtement offre un rendu et une tenue dans le temps satisfaisants.

Vous pouvez vous charger vous-même du décapage – les grandes surfaces de bricolage et les enseignes spécialisées vendent et louent le matériel nécessaire –, mais si vous en avez les moyens, confiez-le à un professionnel qualifié. Décaper est, en effet, un travail fastidieux qui exige patience, prudence et savoir-faire. Le choix de la méthode dépend du support, de ses dimensions, de son essence, de son aspect (surface plane ou avec des reliefs), de la possibilité de le déposer ou de le déplacer, ainsi que de la nouvelle finition envisagée et de votre budget. 

Toutes présentent des limites et des risques.

Le ponçage manuel, cher mais respectueux du bois

Les artisans d’art considèrent que le ponçage est la meilleure méthode, celle qui respecte le mieux la structure du bois et les assemblages.

“Mais elle est très gourmande en temps. Or, beaucoup de clients refusent de payer pour le temps passé, mis à part s’il s’agit de pièces d’exception, comme le mobilier coté, ou de meubles de famille, qui ont une valeur sentimentale” 

Étienne Simon, de la société Île-de-France Décapage (Essonne).

Il faut, en effet, frotter patiemment le support avec du papier abrasif, d’abord à gros, voire à très gros grain (80, 60 et 40) pour éliminer les différentes couches de finition et revenir au bois nu, puis avec du papier à grain de plus en plus fin (120, 240 et même 360) pour enlever toutes les aspérités et retrouver un toucher “peau de pêche”. Le papier de verre vient à bout des lasures, des vernis et de la plupart des peintures, mais pas des cires, car elles l’encrassent très vite. Plus le bois est dur, plus le ponçage est efficace. Il n’en est pas moins long et fastidieux.

Les puristes travaillent à la main.

Closeup of manually sanding of wood with sandpaper
Gros plan du ponçage manuel du bois avec du papier de verre

“Les ponceuses électriques ne permettent pas de décaper proprement les angles, les bords – le long d’un mur, par exemple –, les sculptures, les encoches…”

Étienne Simon, Île-de-France Décapage (Essonne).

Cela dit, les ponceuses à bande sont très utiles pour le dégrossissage des poutres, des parquets et des grandes surfaces planes ; les ponceuses à ruban, pour les ponçages grossiers à mi-fins des petites surfaces planes, ou de plus vastes préalablement dégrossies à la ponceuse à bande. 

Les ponceuses vibrantes (à mouvement oscillatoire) conviennent aux ponçages fins sur surfaces planes ; les ponceuses orbitales (à mouvement circulaire, excentrique ou à mouvements circulaire et oscillatoire conjugués), aux surfaces courbes, une fois le bois remis à nu. Le travail s’effectue de préférence à l’extérieur. 

Sinon, il faut se servir d’une table aspirante, bâcher les éléments qui ne peuvent être sortis de la pièce et calfeutrer les portes pour éviter que la fine poussière générée par le ponçage ne se répande partout, d’autant qu’elle contient, en général, des substances toxiques par simple inhalation ou ingestion (du plomb, par exemple, dans la plupart des peintures anciennes).

Le décapage thermique, un risque de roussi

Bien qu’il soit assez rapide, sur tous types de bois, le décapage thermique n’est guère employé par les professionnels, car il est peu adapté aux grandes surfaces et déconseillé lorsqu’on souhaite revenir à la teinte d’origine et la conserver.

En effet, la finition (peinture, vernis, cire) est chauffée avec un appareil portatif qui pulse de l’air brûlant, ce qui la ramollit, mais roussit également le bois, voire le noircit s’il est chauffé de trop près ou trop longtemps. Il faut donc, d’une main, promener le décapeur thermique à une dizaine de centimètres du support en surveillant les réactions du bois et, de l’autre, gratter à la spatule le revêtement tout juste cloqué (une fois refroidi, il est plus difficile à enlever) en faisant attention de ne pas creuser le bois et en veillant à ne pas passer la main sous l’air brûlant.

Le port de gants antichaleur et d’un masque de protection – sous l’action de la chaleur, la finition libère des vapeurs toxiques – est recommandé.

En outre, une fois les derniers résidus éliminés, il est nécessaire de poncer le support au grain fin, ce qui génère de la poussière, certes en quantité moins abondante que lors d’un décapage par ponçage exclusif, mais tout aussi nocive en cas d’inhalation.

Les solvants, efficaces uniquement en bain

Les solvants sont efficaces sur les peintures et les vernis dès lors qu’ils contiennent du chlorure de méthylène, ou dichlorométhane. Ce composé chimique, interdit depuis 2012, est encore toléré chez certains professionnels du décapage spécifiquement agréés, mais les conditions de l’agrément vont devenir de plus en plus draconiennes. Classé cancérogène probable, très irritant pour la peau et les yeux par contact, et pour les voies respiratoires par inhalation, il est, en outre, toxique pour le système nerveux. Chez les particuliers, il doit être utilisé à l’extérieur. S’il l’est dans une pièce, même bien ventilée, le port d’un masque de protection est indispensable. En atelier, des normes drastiques d’extraction et de dépollution d’air sont imposées.

Le rendement des solvants est faible si les éléments ne peuvent être transportés en atelier. Le produit doit alors être appliqué au pinceau ou à la spatule, et il n’élimine, au mieux, qu’une couche, peu épaisse, après l’autre. Pour revenir au bois nu, l’opération est à répéter, en laissant, chaque fois, agir le solvant le temps indiqué par le fabricant, de 5 min à 12 heures suivant les cas. Il faut ensuite gratter la finition dès qu’elle boursoufle.

“Si on la gratte trop tôt ou trop tard, le résultat est nul”

Sophie Dockx, spécialiste du décapage chimique.

Après avoir été remis à nu, le bois est rincé, puis nettoyé avec un chiffon imbibé de white-spirit ou d’alcool. Il sèche ensuite pendant une semaine, puis est poncé au papier abrasif à grain fin.

Les éléments transportables se décapent plutôt en atelier, où ils sont immergés dans un bain de chlorure de méthylène. “Au pH rectifié”, commente Étienne Simon, car un solvant à potentiel hydrogène (pH) neutre ne pénètre pas dans le bois, qui peut alors tremper des heures pour perdre plusieurs couches de finition à la fois.

Grâce à cette méthode, Étienne Simon traitait, jusqu’à récemment, de 17 à 25 paires de volets par semaine (70 % de son activité),

“en un temps record, à un prix imbattable et avec un résultat impeccable. Après deux bains, le bois ressortait nu, presque blanchi. Un rinçage, un bain acide ou alcalin, neutralisé au bon moment, pour éliminer les derniers résidus, 2 jours de séchage [ce qui est suffisant pour que même les zones endommagées, donc poreuses, redeviennent dures et puissent être réparées, ndlr], un ponçage au papier abrasif à grain fin, et le bois était prêt à recevoir une nouvelle finition”.

Etienne Simon

Seuls les bois massifs aux dimensions de la cuve de trempage peuvent être décapés ainsi.

Les décapants naturels ne sont pas encore au point

Nouvelle réglementation européenne oblige, les fabricants commencent à proposer des décapants chimiques à base d’essences naturelles (des terpènes de pin ou d’orange, notamment).

Moins nocifs pour l’environnement et la santé humaine que ceux à base de solvants, ces produits se révèlent également bien moins efficaces, au dire des professionnels.

“Ils dégagent une odeur pestilentielle et sont extrêmement inflammables”

Étienne Simon, évoque l’explosion qui a eu lieu en 2010 dans une entreprise de décapage de Vézeronce-Curtin (Isère). L’atelier, converti à cette récente génération de décapants, venait tout juste d’être inauguré.

L’application de soude, seulement sur certains bois

Économiques et efficaces sur tous les types de peintures, les cires et certains vernis, les décapants alcalins d’origine naturelle agissent, cependant, plus lentement que les solvants dérivés du pétrole. Ils peuvent, en théorie, éliminer plusieurs couches en même temps.

“Dans les faits, il faut répéter l’opération à différentes reprises, avec un intervalle d’une nuit au moins entre deux applications, car le bois ne doit pas rester trop longtemps en contact avec l’alcalin, qui assombrit la teinte, abîme les fibres et attaque la colle des assemblages”

, prévient Étienne Simon.

Le décapant alcalin le plus connu est la soude. Celle-ci s’utilise pure ou diluée et se passe à l’éponge, plutôt qu’au pinceau, s’il y a peu d’éléments à traiter ; par immersion dans une cuve lorsqu’ils sont en nombre (comme une série de volets) ou volumineux (un escalier, par exemple). On laisse ensuite agir 10 ou 15 min. Dès que la finition se décompose et brunit, il faut rincer abondamment, plusieurs fois, pour neutraliser l’action de la soude – gare aux effets des cristaux qui pourraient rester coincés dans les interstices ! Le séchage total dure au moins de 3 à 5 semaines pour que la nouvelle finition adhère bien.

“Cette méthode doit être réservée aux bois sains, car les zones endommagées imprégnées de soude ne sèchent pas. Elles ne redurcissent pas, et ne peuvent donc recevoir de finition. On est alors obligé de les remplacer”

met en garde Étienne Simon.

Elle ne doit pas non plus être utilisée avec les essences riches en tanins (chêne, noyer, châtaignier…), qui tendent à noircir dès les premières minutes ; ni avec les bois riches en cellulose ou lamellés-collés, car la soude dissout les matières organiques et les colles d’assemblage.

“la plupart des bois supportent mal les rinçages à grande eau ou les immersions. Les fibres gonflent, se relèvent, se déforment en séchant”

souligne Frédéric Di Maria, de la société Gommage Rénovation (Seine-et-Marne).

Les décapants alcalins sont très corrosifs : quelques gouttelettes ou poussières sur la peau ou dans les yeux suffisent à provoquer de vives brûlures. Il est impératif de porter une combinaison à manches longues, des gants étanches, résistants, assurant une jonction parfaite aux poignets, et des lunettes de protection à œillères latérales.

Le sablage, à réserver aux surfaces résistantes

Le sablage consiste à projeter un abrasif (du sable de calibre variable suivant la nature du support) au moyen d’une buse montée sur une machine pulsant de l’air comprimé à haute pression.

C’est une méthode éprouvée, très efficace pour le dégrossissage de surfaces résistantes (poutres ou façades, par exemple), mais inadaptée aux travaux mi-fins et fins sur des éléments fragiles (meubles, escaliers, parquets…).

En effet, le sable, très agressif du fait de son profil angulaire, est propulsé à quelque 700 km/h. En conséquence, la surface est décapée, mais elle est rendue rugueuse, déformée, déchirée s’il s’agit d’un bois tendre.

L’aérogommage donne d’excellents résultats

Méconnu du grand public, l’aérogommage, dérivé du sablage, est un procédé beaucoup plus doux.

“Il permet d’éliminer certaines peintures et cires, les vernis, traitements antifouling [appliqués sur les coques de bateaux pour les protéger des micro-organismes, ndlr], dépôts calcaires, mousses sur le bois, le métal, la pierre, le béton, le plastique…”,

Thierry Flochlay, de la société GomA9 (Finistère).

“Sans endommager la surface, précise Frédéric Di Maria, qui assure être parvenu à enlever le texte imprimé sur un paquet de cigarettes sans abîmer le carton.

On utilise, en effet, un abrasif rond et lisse que l’on projette à basse, voire à très basse pression : entre 0,50 et 5 bars, au lieu de 10 à 20 bars pour une sableuse.” Seule réserve : si la finition qui avait été appliquée sur un bois tendre est tenace (c’est souvent le cas lors du décapage de peinture sur des volets en sapin), ce dernier risque d’être détérioré avant le décapage complet du revêtement.

“En utilisant des buses Vortex, qui font tourbillonner l’abrasif, on peut réduire l’impact, mais cela ne suffit pas toujours”

Frédéric Di Maria.

Le matériau utilisé (Archifine du fabricant Sémanaz, granulat d’almandin, gomme minérale, voire noyaux de cerises concassés), la granulométrie et la vitesse de projection dépendent du support à décaper. Pour les décapages tant grossiers que mi-fins ou fins, on obtient rapidement d’excellents résultats, sans produit chimique, sans travaux préalables, ni ponçage, rinçage, séchage…

“Le bois est remis à nu sur toute la surface, même les angles, difficiles d’accès avec les autres méthodes, et les reliefs sont parfaitement préservés”, explique l’artisan. Le seul inconvénient de ce procédé est de générer de la poussière en abondance. “On travaille, de préférence, en extérieur.

Quand ce n’est pas possible, en plus d’installer un extracteur-récupérateur d’air, on étanchéifie la pièce pour empêcher que la poussière ultrafine, donc très volatile, ne se répande partout dans la maison”, souligne notre interlocuteur. Le professionnel s’équipe d’un casque intégral avec prise d’air déportée et filtre à charbon.

Soyez vigilant dans le choix de l’entreprise, car, pour des raisons économiques, certaines prétendent effectuer de l’aérogommage alors qu’elles utilisent une sableuse simplement réglée sur une puissance plus faible (9, voire 5 bars). En effet, les aérogommeuses associent diverses machines complexes (compresseur, extracteur-récupérateur, déshumidificateur d’air…), donc onéreuses, ne pouvant servir à d’autres travaux. De plus, l’abrasif coûte cher : de 0,80 à 1 €/kg le granulat d’almandin, contre 0,20 €/kg de sable.

Si cette supercherie est sans grande conséquence quand il s’agit de décapages grossiers pour l’extérieur chez les particuliers (terrasse, façade, poutre), il n’en va pas de même pour les travaux de précision (meuble, volet, escalier).

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